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— Je suis prêt à vous accompagner partout où il vous plaira.

Ils se mirent en route.

Quand ils furent arrivés à la porte de l’oratoire, le maréchal prononça les paroles consacrées. Le saint inclina la tête par trois fois, pour montrer qu’il avait compris et aussi pour déclarer qu’il allait faire justice.

Fanchi regagna Caouennek, soulagé. Quant à Louiz, qui avait été allègre au départ, il ne le fut pas moins au retour.

À l’entrée du bourg, Fanchi lui dit :

— Tu penses bien que d’ici longtemps nous ne travaillerons plus ensemble.

— À votre gré, maître, répondit Louiz. J’estime cependant qu’avant peu vous aurez reconnu que ce n’est pas moi le coupable.

Ils se séparèrent.

Marie Bénec’h guettait son mari du seuil de la forge.

— Où as-tu été ? lui demanda-t-elle.

— À Saint-Yves-de-la-Vérité.

— Quoi faire ?

— Vouer à la mort, dans un délai de douze mois, la personne qui m’a volé mes trois cents écus.

— Ah ! malheureux ! malheureux ! s’écria Marie Bénec’h, qui déjà avait au cou la couleur de la mort, si du moins tu m’avais prévenue ! tes trois cents écus n’ont pas été volés. C’est moi qui les ai pris, cette nuit, pendant que tu dormais. Retournons vite défaire ce que tu as fait.