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XLIII

Le pèlerinage de Marie Sigorel


Un matin, comme je me levais, je vis entrer chez moi Marie Sigorel. C’était une voisine qui vivait des pèlerinages qu’on lui faisait faire.

— Excusez-moi, dit-elle. Est-ce que je ne vous ai pas entendue dire que vous aviez fait vœu d’aller à Saint-Samson[1] ?

— Si bien.

— Voulez-vous que nous y allions aujourd’hui ensemble ? J’ai accepté d’y faire un pèlerinage pour un enfant qu’on avait fait vœu d’y mener et qui est mort avant que le vœu ait été accompli.

— Ma foi, répondis-je, je ne demande pas mieux.

Je terminai quelques préparatifs, et nous partîmes.

Au commencement, tout alla bien. Mais quand nous fûmes sorties du territoire de notre paroisse, je crus m’apercevoir que la femme Sigorel traînait la jambe.

— Qu’est-ce donc ? lui dis-je. Nous avons fait une lieue à peine, et vous paraissez déjà fatiguée.

— Oui, c’est singulier, je ne sais ce que j’ai. C’est comme si j’avais sur les épaules un poids qui devient de plus en plus lourd à mesure que j’avance.

  1. La chapelle de Saint-Samson, en Pleumeur-Bodou (Côtes-du-Nord), attire beaucoup de pèlerins.