— Ah ! nous la tenons enfin, la mauvaise mère ! la mauvaise mère !
Elle comprit alors que ces écureuils étaient les enfants qu’elle avait fait mourir si cruellement. Elle murmura :
— Que la volonté de Dieu soit faite !
Et elle se laissa déchirer le corps, sans un mouvement, sans une plainte.
Toutefois, ayant remarqué, au bout d’un moment, que les écureuils n’étaient qu’au nombre de cinq, elle demanda :
Vous devriez être six, mes chers enfants. Où donc est resté le sixième ?
Les écureuils ne répondirent pas, mais se mirent à la dévorer plus furieusement. Elle se cramponnait aux herbes et aux touffes de genêts, tant la douleur était atroce. À la fin, les écureuils, à force de fouiller sa chair, arrivèrent jusqu’à son cœur. L’un d’eux y mordit avec une telle rage que le sang jaillit puis retomba comme une pluie rouge. Pour le coup, Yvona Coskêr exhala un long gémissement.
— Ma Doué ! ma Doué ! (Mon Dieu ! mon Dieu !), cria-t-elle.
Elle allait s’évanouir.
Mais, soudain, ses yeux, à demi clos déjà, virent s’approcher une grande lumière. Et cette lumière enveloppait un enfant beau comme le jour. Il souriait doucement, d’un sourire céleste.
— Courage ! courage, petite mère chérie ! dit-il. Je suis l’enfant que tu as baptisé de tes propres mains. Grâce au baptême, j’ai pu aller en paradis. J’ai inter-