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de Guernoter, pour l’écu de six livres, elle l’avait bien gagné[1].


(Conté par Marie-Louise Bellec, couturière. — Port-Blanc).
  1. J’ai recueilli plusieurs versions de cette légende, et dans des régions très diverses. Comme elles sont beaucoup moins complètes que celle que j’ai rapportée, comme, d’autre part, elles ne renferment aucun détail nouveau, je n’ai pas cru devoir les transcrire. Il y en a tout un cycle, mais sans différences notables. Je veux cependant en résumer une qui permettra de juger de ce que sont toutes les autres. Elle m’a été contée à Quimper, par une fille Kerhoas.

    Une jeune couturière des environs de Penmarc’h avait une grande dévotion pour l’Anaon. Un soir qu’elle rentrait de son travail à une heure tardive, elle entendit un remuement et comme des plaintes étouffées dans des broussailles qui bordaient le chemin. Elle demanda : « Qui est là ? ». Personne ne lui répondit. Elle en conclut qu’il y avait là une âme en peine qui avait besoin de secours. Le lendemain, elle se rendit de bon matin à l’église et recommanda une messe « à l’intention de celle des âmes du purgatoire à qui il ne manquerait plus qu’une messe pour être sauvée. »

    Il fut fait selon son désir.

    Elle assista elle-même à l’office. Comme elle quittait l’église, elle rencontra dans le cimetière un jeune homme tout de blanc vêtu. Ce jeune homme l’accosta et lui dit :

    — Vous êtes couturière de votre état, n’est-ce pas ?

    — Oui, monsieur.

    — Combien gagnez-vous par jour, dans les maisons que vous fréquentez ?

    — Douze sous.

    — Eh bien ! si vous voulez en gagner trente, allez à Audierne. Vous verrez une maison blanche au coin de la place. Vous frapperez, vous demanderez la dame de la maison et vous lui direz que vous venez de ma part.