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Ce mardi arriva. La messe fut dite. Le recteur officiait en personne, et au premier rang des assistants était agenouillé Poaz-coz. J’y étais aussi, moi qui vous parle. Ma chaise touchait celle du fossoyeur.

Au moment où, l’office terminé, le recteur s’acheminait vers la sacristie, Poaz me poussa le coude.

— Regarde donc ! dit-il, d’une voix qui tremblait.

— Quoi ?

— Ne vois-tu pas quelqu’un qui entre à la sacristie, derrière le recteur ?

— Si fait.

— Tu ne le reconnais pas ?

Et, comme je ne trouvais pas assez vite qui ce pouvait être, Poaz-coz me souffla dans l’oreille :

— Mais, c’est François Roperz, malheureux, c’est François Roperz !

C’était vrai. Je le reconnus tout de suite, quand Poaz me l’eut nommé. Le port, la démarche, le vêtement, c’était de tout point François Roperz. J’en demeurai tout abasourdi.

— Tu verras, me dit Poaz-coz, il y a encore quelque chose là-dessous.

En effet.

Comme le recteur, après avoir dépouillé les ornements sacerdotaux, traversait le cimetière pour gagner son presbytère par le plus court, on le vit soudain s’affaisser sur lui-même et tomber mort, non loin de la fosse fraîchement comblée où, près du cercueil de François Roperz, reposait celui de Mab Ar Guenn.


(Conté par Baptiste Geffroy. — Penvénan, 1886.)


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