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taient déjà le jeune prêtre dans leurs griffes, par une brèche qu’ils avaient ouverte dans le pignon.

Tadik-Coz put cependant saisir par une jambe son pauvre confrère. Les diables n’essayèrent pas de lutter contre lui. Ils avaient trop appris à le craindre. Sa vue seule les mit en fuite. Ils disparurent avec des cris de rage. Le jeune prêtre fut sauvé. Tadik-Coz se contenta de le sermonner de sa bonne voix tranquille.

— Mon enfant, lui dit-il, pour faire ce que nous faisons, nous, les vieux, attendez que vous ayez notre expérience. Que cette leçon vous soit profitable !


(Conté sur le Ménez-Bré, par Rénéan Auffret de Pédernek, 1889.)


Ce Tadik-Coz était un maître pour célébrer l’ofern drantel. On prétend que, depuis qu’il est mort, il n’y a plus de prêtre qui sache la dire.

Il fit une fois un de ces miracles qui ne sont possibles qu’à Dieu.

Il venait de célébrer la messe de trentaine pour un défunt de Tréglamus[1]. Or, en passant la revue des démons, il vit que l’un d’eux tenait entre ses griffes l’âme de ce défunt. Un autre que Tadik-Coz se fût dit :

— Le mort est dûment damné ; il n’y a plus rien à faire.

  1. Petite commune des Côtes-du-Nord, située au pied du Menez-Bré.