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LA LÉGENDE DE LA MORT

dans le porche. Ils accouraient, en poussant, des hurlements sauvages. C’était le moment terrible. Malheur à l’officiant, s’il perdait la tête ! Il imposait silence aux démons, les faisait défiler devant lui un à un, les obligeait à montrer leurs griffes pour voir si l’âme du défunt, à l’intention de qui il avait célébré l’ofern drantel, n’était pas tombée en leur possession, puis les renvoyait à mesure, en distribuant à chacun une graine de lin, car les diables ne consentent jamais à s’en aller les mains vides. S’il commettait une seule omission, il était contraint en échange de livrer sa propre personne. Il encourait donc sa damnation éternelle.

Un soir, un jeune prêtre, encore novice en ces matières, se chargea imprudemment d’aller dire l’ofern drantel à Ménez-Bré.

Il eut le malheur de se troubler.

Les diables aussitôt se ruèrent sur lui.

Par un hasard providentiel, Tadik-Coz[1] était encore en oraison, dans son presbytère de Bégard, à deux lieues de Bré. Ayant entendu quelque bruit du côté de la montagne, il prêta l’oreille :

— Ho ! Ho ! se dit-il, il y a du grabuge là-haut !

Vite, il sella son bidet de Cornouailles qui allait comme le vent.

Quand il arriva à la chapelle, les diables empor-

  1. V. pour Tadik-coz, chapitre des conjurés.