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— Puisque le feu n’y peut rien, essayons de l’eau ! se dit Loizo-goz.

Il traîna le livre à la grève de Buguélès, monta dans une barque, gagna le large, et lança à la mer l’agrippa auquel il avait eu soin d’attacher plusieurs grosses pierres, afin de le faire descendre jusqu’au fond de l’abîme et de l’y maintenir.

— Là, pensa-t-il, cette fois du moins nous voilà séparés pour jamais.

Il se trompait.

Comme il s’en revenait par la grève, il entendit derrière lui un bruit de chaîne dans les galets. C’était l’agrippa qui achevait de se débarrasser des grosses pierres. Loizo-goz le vit passer à côté de lui, rapide comme une flèche. Au logis, il le retrouva, suspendu à la poutre accoutumée. La couverture, les feuillets étaient secs. Il semblait que l’eau de la mer ne les eût même pas touchés.

Loizo-goz dut se résigner à garder son agrippa.


(Conté par Baptiste Geffroy dit Javré. — Penvénan, 1886.)


L’agrippa contient les noms de tous les diables et enseigne le moyen de les évoquer.

On peut savoir, grâce à lui, si tel défunt est damné.

Le prêtre qui vient de célébrer un enterrement va aussitôt consulter son agrippa. À l’appel de leurs noms, tous les démons accourent. Le prêtre les interroge un à un.