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fession du moribond, il lui parle en ces termes :

— Jean, ou Pierre, ou Jacques, vous aurez un poids bien lourd à porter par delà le tombeau, si vous ne vous en êtes débarrassé dans ce monde.

Le moribond demande avec étonnement :

— Quel est ce poids ?

— C’est le poids de l’agrippa qui est en votre maison, répond le prêtre. Livrez-le moi, sinon, ayant un tel fardeau à traîner, vous n’arriverez jamais jusqu’au paradis.

Il est rare que le moribond n’envoie point aussitôt détacher l’agrippa.

L’agrippa, détaché, cherche à faire des siennes. Il mène un sabbat à travers toute la ferme. Mais le prêtre l’exorcise et le fait tenir tranquille. Puis il commande aux personnes qui sont là d’aller quérir un fagot d’ajonc. Il y met le feu lui-même. L’agrippa est bientôt réduit en cendres. Le prêtre recueille alors cette cendre, l’enferme dans un sachet, et passe le sachet au cou du moribond, en disant :

— Que ceci vous soit léger !

Il est difficile à un recteur de dormir à l’aise, tant qu’il reste un seul agrippa dans sa paroisse, entre d’autres mains que les siennes ou celles de ses vicaires.