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— J’aurais souhaité qu’il te permît d’accomplir une partie de ta pénitence en ma maison, auprès de moi pendant le temps que j’ai encore à vivre. Dieu doit savoir que nous nous aimions d’une amitié rare, Pezr Nicol.

— Il le sait, en effet, Yvon Penker. Sois certain qu’il ne tardera pas à nous réunir. Avant peu, ton âme sera venue me rejoindre dans cette lande.

Trois mois après, jour pour jour, on enterrait Yvon Penker, l’homme sage[1].


(Conté par Catherine Carvenec. — Port-Blanc.)


L’âme apparaît aussi sous la forme d’une fleur, d’une grande fleur blanche ; elle est plus belle à mesure qu’on s’approche d’elle et s’éloigne quand on veut la cueillir.

  1. Il me souvient d’avoir entendu, dans mon enfance, raconter cette même légende, mais avec des détails beaucoup plus circonstanciés, à Miliau Arzur, le roi des conteurs du pays de Ploumilliau. J’ai fait bien des recherches pour le retrouver sous cette forme plus complète. Je n’ai pas abouti. Il y avait, en particulier, un dialogue tout à fait saisissant entre l’âme du mort, d’une part, et les instruments de labour, puis les bêtes, d’autre part. À chacune des bêtes et à chacun des instruments, l’âme demandait : Pe drouk, pe fall am eus grêt ganid ? (Est-ce le bien, est-ce le mal que j’ai fait avec toi ?)

    Elle avait l’air de les appeler en témoignage. La phrase que je cite m’est restée dans la mémoire, sans doute à cause de la persistance avec laquelle elle se répétait dans le récit.