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pareil aux éphémères que l’on voit tourbillonner les soirs d’été au bord des ruisseaux.

L’insecte alla tremper ses pattes dans une bassinée de lait qui était là, sur une table. Puis il voleta tout à travers la pièce et, brusquement, disparut.

— Que peut-il être devenu ? se demandait Yvon Penker.

Il ne tarda pas à le voir reparaître.

Cette fois, le moucheron se posa sur le cadavre et y resta. Il se laissa même enfermer dans la bière avec le mort.

Penker ne le revit plus qu’au cimetière. Comme les premières mottes de terre roulaient dans la fosse, le moucheron s’évada du cercueil. Penker comprit alors seulement que ce moucheron devait être l’âme de Pezr Nicol, et il résolut de le suivre en quelque lieu qu’il allât.

Or, le moucheron se rendit dans une lande située non loin de la ferme où Pezr Nicol habitait de son vivant. Là, il se posa sur une épine d’ajonc.

— Pauvre chère petite mouche, que venez-vous faire ici ? demanda Penker, l’homme sage.

— Tu me vois donc !

— Je vous vois, puisque je vous parle. Dites-moi, ne seriez-vous l’âme du défunt Pezr Nicol qui fut mon meilleur ami en ce monde ?

— Si, Yvon, je suis ton ami mort, je suis Pezr Nicol.

— Viens donc avec moi en ma maison. Je t’y mettrai dans un coin où tu seras bien tranquille, et nous converserons ensemble de temps en temps, comme autrefois.