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XXX

L’âme vue sous la forme d’un moucheron[1]


Yvon Penker était un homme sage, et qui vivait dans la crainte de Dieu. Il avait pour meilleur ami Pezr Nicol. Pezr Nicol tomba gravement malade et fit aussitôt mander Yvon Penker.

— Je sens que je vais mourir, lui dit-il. Tu es l’homme que j’ai le plus aimé et estimé en ce monde. Je voudrais que tu m’assistes jusqu’à mon dernier moment.

Penker répondit :

— Je ne te quitterai pas.

Et il s’installa, en effet, au chevet de son ami. Vers le milieu de la nuit, Nicol lui dit d’une voix oppressée :

— Donne-moi ta main.

Dès que Penker eut mis la main dans la sienne, le moribond trépassa.

Penker qui le regardait mourir, les yeux pleins de larmes, vit alors sortir de sa bouche un moucheron (eur fubuenn), un moucheron grêle, aux ailes ténues,

  1. Cf. P. Sébillot, Coutumes populaires de la Haute-Bretagne, p. 151 et 157 ; E. Cosquin, Contes populaires de Lorraine, II, p. 175 : Le papillon blanc ; A.-G. Contis, Mœurs et coutumes de l’Épire et particulièrement du bourg de Vissani (Mél., IV, col. 126). [L. M.].