Page:Le Braz - La légende de la mort en Basse Bretagne 1893.djvu/201

Cette page a été validée par deux contributeurs.

du coin de l’œil et à trouver son allure singulière. Il appelait la lumière de tous ses vœux. Enfin, un troisième coq chanta.

— Ah ! fit Ludo, avec un soupir de soulagement, cette fois du moins c’est le bon !

— Oui, répondit le jeune homme, cette fois c’est le coq rouge. Maintenant l’aube va blanchir le ciel. Mais vous voyez que vous l’aviez devancée de beaucoup. Il était à peine minuit quand vous êtes entré au cimetière où vous m’avez rencontré.

— C’est possible, fit Ludo à voix basse.

— Une autre fois, tâchez de tenir meilleur compte de l’heure. Si je ne vous avais accompagné jusqu’à ce moment, il vous serait arrivé plus d’une fâcheuse aventure.

— Grand merci, en ce cas ! murmura Ludo Garel humblement.

— Ce n’est pas tout. J’ai à vous dire qu’il est inutile que vous poursuiviez votre route. Le procès de votre maître est jugé depuis hier soir et c’est en faveur de votre maître que se sont prononcés les juges. Retournez donc près de lui, pour lui annoncer cette bonne nouvelle.

Jésus-Maria-Credo ! Tant mieux, en vérité. Monsieur le comte va guérir du coup !

— Non. Il va mourir, au contraire. À ce propos, Ludo Garel, il vous sera permis de voir la séparation de l’âme d’avec le corps. C’est une chose, je le sais, que vous désirez voir depuis longtemps.

— Vous l’ai-je dit ! s’exclama Ludo qui se demanda, un peu tard, s’il n’avait pas trop bavardé au long de la route.