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— Moi aussi. Si vous voulez bien, nous ferons un bout de route ensemble.

— Je ne demande pas mieux.

La mine et le ton du jeune homme inspiraient la confiance. Ludo Garel, un peu inquiet d’abord, fut bientôt enchanté de l’avoir pour compagnon, d’autant plus que le jour tardait terriblement à venir. Chemin faisant, ils causèrent. Peu à peu, Ludo devint expansif. Il mit l’inconnu du cimetière au courant de tout ce qui le concernait, de la maladie mystérieuse de son maître, des sombres pressentiments qu’il lui avait exprimés la veille, et du motif pour lequel il l’avait chargé d’entreprendre ce voyage. L’inconnu écoutait, mais ne disait presque rien.

Sur ces entrefaites, le chant du coq retentit dans une ferme voisine.

— Pour le coup, s’écria Ludo, l’aube va poindre.

— Pas encore, répondit le jeune homme. Le coq qui a chanté, c’est le coq gris.

En effet, le temps s’écoula, la nuit restait toujours aussi noire.

Nos gens continuèrent de marcher. Mais Ludo ayant vidé le sac de ses confidences, et l’inconnu ne paraissant pas disposé à livrer les siennes, la conversation languit, puis finit par s’éteindre.

Quand on ne cause pas, le jour, on s’ennuie ; la nuit, on a peur[1].

Ludo Garel commençait à dévisager son compagnon

  1. Je ferai remarquer que c’est une femme qui raconte.