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Nos quatre lurons, d’abord pétrifiés par l’épouvante, eurent vite fait de trouver la porte. Et ce ne fut pas Fanch Vraz, malgré toute sa forfanterie, qui demeura le dernier. Ils se précipitèrent devant eux, dans la nuit, sans se demander quelle route ils faisaient. Jusqu’à l’aube ils vaguèrent ainsi, par les champs, semblables à des taureaux affolés. Lorsqu’avec le jour, ils regagnèrent enfin chacun leur maison, ils avaient tous au cou la couleur de la mort. Fanch Vraz expira dans la semaine. Les autres en réchappèrent, mais après avoir tremblé pendant prête d’une année une fièvre mystérieuse dont ils ne purent guérir qu’à force d’absorber de l’eau de la fontaine de Saint-Gonéry[1].


(Conté par Jeanne-Marie Corre. — Penvénan, 1886.)


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  1. La fontaine de Saint-Gonéry, en Plougrescant, attire nombre de malades. Le sentier qui y mène est tellement fréquenté que le propriétaire du pré où elle se trouve l’a fait paver. La vieille complainte du saint recommande surtout son eau pour la guérison des « maux de tête ». Mais elle est aussi très efficace pour la fièvre, moins cependant que les pincées de terre prises au tombeau du pieux thaumaturge et qu’on se suspend au cou, dans un petit sachet de toile.