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— N’entendez-vous pas ? me demanda-t-il.

J’entendis un petit bruit clair, argentin, mais si léger, léger !… On eût dit le drelin-dindin d’une clochette lointaine, d’une menue clochette, aux sons purs comme du cristal, qui aurait tinté dans la campagne, à des lieues de nous.

Cela dura quelques secondes.

Puis, ce fut une musique suave qui semblait sortir des murs, du plancher, des meubles, de tous les points de la chambre.

Ni Savéant ni moi n’avions jamais entendu musique si douce.

Savéant regarda à droite, à gauche, pour voir d’où cela pouvait venir. Mais il ne découvrit rien.

La musique ayant cessé, j’allais reprendre les grâces interrompues, quand un bruit nouveau se produisit.

C’était, cette fois, un long bourdonnement monotone, On eût juré qu’un essaim d’abeilles venait de faire invasion dans la chambre, et qu’il se balançait d’une cloison à l’autre, cherchant quelque endroit où se suspendre.

— Ce n’est pas possible, me dit Savéant. Il doit y avoir des bourdons par ici.

Il prit un des cierges qui brûlaient devant le mort, l’éleva au-dessus de sa tête, le promena en l’air, mais nous eûmes beau fouiller des yeux les coins et recoins nous n’aperçûmes pas même l’ombre d’une mouche.

Le bourdonnement continuait cependant, tantôt strident, sonore, tantôt léger, confus, à peine perceptible.

Fanch et moi, nous étant rassis, nous restâmes