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XXVI

La veillée du prêtre


Je me souviendrai toujours de cette date : c’était le 20 du mois de février. Je veillais le vicaire, un digne prêtre, mort le matin même. Il y avait encore avec moi, comme veilleurs, Fanch Savéant le menuisier, et une vieille filandière, Marie-Cinthe Corfec.

Le mort était assis dans un fauteuil, revêtu de ses plus beaux ornements. Il avait une figure reposée, presque souriante.

Nous disions les prières à voix basse, chacun à part soi.

Le silence et l’immobilité commençaient à m’assoupir. Craignant de m’endormir tout à fait, je proposai à Fanch et à Marie-Cinthe de réciter les grâces en commun, afin de nous tenir éveillés mutuellement.

Le menuisier ne demandait pas mieux, mais la vieille filandière, qui n’était jamais de l’avis d’autrui préféra aller s’asseoir à l’écart, près du foyer, pour continuer à prier seule.

Savéant et moi demeurâmes près du cadavre.

J’entrepris les grâces. Lui donnait les répons.

Tout à coup, il fit de la main un geste, comme pour me dire de me taire et d’écouter.

Je prêtai l’oreille.