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XXIII

Qui plaisante avec la mort trouve à qui parler


Liza Roztrenn, du manoir de Kervénou, était la plus jolie fille de paysan qui marchât dans toute la paroisse du Faouet[1], et même dans les paroisses d’alentour.

Elle était fiancée depuis quelques mois à Loll[2] ar Briz, un jeune homme de Plourivo, qui la venait voir une fois par semaine, le dimanche.

Liza Roztrenn avait l’humeur gaie et plaisante. Loll l’aimait d’un amour trop grave, à son gré ; aussi l’entreprenait-elle souvent, et il n’était pas d’espièglerie qu’elle ne s’amusât à lui faire.

Il y avait à Kervénou une petite servante, pour le moins aussi espiègle que Liza. Elle aidait sa maîtresse à lutiner le pauvre Loll. Quand celui-ci arrivait au manoir, le dimanche matin, il était rare que Liza fût là pour le recevoir. La petite servante se chargeait d’expliquer au galant l’absence de sa fiancée, et lui débitait à ce propos les histoires les plus invraisemblables. Or Lizaïk était tout simplement allée se cacher au grenier ou derrière le tas de paille, dans la

  1. Entre Pontrieux et Châtelaudren, dans les Côtes-du-Nord.
  2. Diminutif d’Ollivier.