Page:Le Braz - La légende de la mort en Basse Bretagne 1893.djvu/163

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Folles assez, vraiment ! Est-ce qu’on se met dans ces états, pour une charrette qui passe ?

— Oh ! ce n’était pas une charrette comme les autres !… D’abord il n’y a que les charrettes d’enterrement qui se risquent dans ce chemin, et il n’y a personne de mort dans le quartier.

— Alors ?…

— Hausse les épaules, tant que tu voudras. Je te dis, moi, que Carr ann Ankou est en tournée dans nos parages. Nous ne tarderons pas à savoir quelle est la personne qu’il vient chercher.

Je laissai dire ma femme, et sortis là-dessus pour aller donner un coup d’œil aux étables.

Comme je revenais, je trouvai dans la cuisine un de nos proches voisins. Il avait la mine affligée ; j’allais lui en demander la raison, quand ma femme me dit :

— J’espère que vous ne vous moquerez plus de moi, René. Voilà Jean-Marie qui vient nous annoncer que sa fille aînée a trépassé subitement, et me prier d’aller faire la veillée auprès du cadavre.

Naturellement, je ne trouvai rien à répondre.


(Conté par René Alain. — Quimper, 1887.)


_______