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chains soirs, je m’entendrais réveiller, pour aller assister ce bon Marco à ses derniers moments.

C’était vraiment un digne homme, que Marco Hamon : serviable, loyal, compatissant. Je me mis à me remémorer toutes ses qualités, à part moi, et, ce faisant, je m’endormis.

Combien de temps dura mon somme, c’est ce que je ne saurais dire. Toujours est-il qu’il me sembla soudain entendre craquer le bois vermoulu du parquet, comme si quelqu’un traversait la chambre.

J’ouvris les yeux.

La lune était levée. Il faisait clair comme en plein jour.

Je parcourus du regard toute la pièce. Personne !

J’allais me replonger sous mes draps, quand je crus sentir une fraîcheur sur mes épaules.

Je regardai du côté de la fenêtre et je vis qu’elle était ouverte. Je pensai que j’avais oublié de la fermer en me couchant. Je sautai à bas du lit, déjà j’avais la main sur un des battants, lorsque là dans la cour, à deux pas de moi, je vis un homme qui allait et venait, les bras derrière le dos, du pas nonchalant de quelqu’un qui attend, et qui se promène pour abréger l’ennui de l’attente. Il était grand, maigre, le chef ombragé d’un chapeau large.

Au milieu de la cour, près du puits, stationnait un char de structure grossière, attelé de deux chevaux étiques dont la crinière était si longue qu’elle traînait jusqu’à terre et s’emmêlait dans leurs pieds de devant. Les montants étaient à claire voie ; entre les barreaux, pendaient au dehors des jambes, des bras, voire des