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était mené par les plus proches parents de son oncle l’aveugle.

— Allons, se dit-elle, il paraît que mon oncle est mort.

Elle rentra à Kervézenn, tout attristée, un peu dépitée aussi qu’on ne lui eût pas fait part de la mort du pauvre vieux, qu’elle aimait beaucoup.

La maîtresse de maison, remarquant qu’elle avait l’air tout drôle, lui demanda :

— Qu’est-ce donc qui vous est arrivé, Marie ?

— Il m’est arrivé que je viens de me croiser avec l’enterrement de mon oncle, et qu’on n’a pas daigné me faire part de sa mort.

La maîtresse de maison se mit à rire.

— Vous avez rêvé, ma fille ; car, certes, vous n’étiez pas bien réveillée, quand vous avez vu ce que vous dites. Si votre oncle était mort, on l’aurait su dans le quartier.

— Eh bien, répondit Marie, j’en aurai le cœur net ! Et elle alla, d’une course, jusqu’à la chaumière. Elle y trouva le vieil aveugle couché, comme à son ordinaire, dans le lit clos, auprès de l’âtre. Seulement il avait la face toute jaune et ne respirait presque plus. Une de ses filles qui était là, avec d’autres parents, invita Marie à se joindre à eux pour la veillée, cette nuit-là, en ajoutant que ce serait sans doute la dernière.

Elle ne manqua pas de s’y rendre.

Comme elle était un peu fatiguée de sa journée, elle s’assoupit, au bout d’une heure ou deux. Soudain, il lui sembla que quelque chose de lourd venait de