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La servante monte.

Elle eût aussi bien fait de rester en bas, à vaquer à sa besogne de cuisine.

Pas plus que sa maîtresse, elle ne réussit à faire tenir les épingles. Autant elle en fourre dans la coiffe, autant il en pleut à terre. À chaque épingle qu’elle fixe, elle dit : « Pour sûr, ça y est cette fois ! » Marie-Louise qui a les bras levés, pour maintenir les deux ailes de tulle, les laisse retomber en poussant un soupir d’aise, mais dès que les bras de la jeune fille retombent, les ailes de la coiffe font de même.

— Encore une épingle, pour voir !

Il y en eut bientôt tout un tas aux pieds de Marie-Louise. Ding ! Ding ! Ding !… À chaque épingle nouvelle, toujours le même petit bruit clair….

Le troisième son de la messe sonna.

Marie-Louise ne put arriver à temps à l’église. Elle s’en confessa au recteur, le soir, en lui contant son aventure. Le recteur lui dit :

— Notez ce jour dans votre mémoire.

Peu de temps après, la jeune fille d’Yvias apprit que son fiancé, qui était soldat en Algérie, avait trépassé le dimanche de Pâques, vers les dix heures du matin.

(Conté par Jeanne-Yvonne Pariscoat, marchande. — Yvias, août 1888.)


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