Page:Le Braz - La légende de la mort chez les Bretons vol 2 1902.djvu/98

Cette page n’a pas encore été corrigée



LXXVII La truie aux sept cochons noirs

Celait à Trégrom. Il y avait dans la paroisse une fille de mauvaise vie qui avait eu sept enfants et qui les avait fait disparaître à mesure, sans qu'on s'en fût aperçu. Mais elle mourut elle-même du dernier enfant, et Ton sut ainsi quelle conduite elle avait menée.

Peu après sa mort, des gens, passant à la tombée du soir près de la maison qu'elle habitait, virent dans la roule une vieille truie, toute décharnée, suivie de sept petits cochons noirs.

— Tiens, dit un de ces hommes, voici une truie égarée.

Comme il y avait à côté de la maison une soue vide, il voulut y pousser la truie avec sa portée ; mais la bête aussitôt commença à grogner et à montrer des dents aussi longues que celles d'un porc sauvage Alors, un vieux qui faisait partie de la bande dit :

— Croyez-moi : laissez celle truie tranquille : elle n'est pas de celles qu'on enferme dans les crèches.

Un autre soir, un domestique des environs revenait du labour avec le soc de la charrue sur les épaules, (car, en ce temps-là, on laissait la charrue dans le champ, mais on rapportait le soc à la maison) ; il rencontra, lui aussi, la vieille truie, et, comme elle faisait mine de lui barrer le chemin qui était très étroit, il