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il faut avoir soin, au préalable, de faire quelque bruit, de tousser par exemple» pour avertir les âmes qui y font peut-être pénitence et leur permettre de s'éloigner. Avant de commencer à couper un champ de blé, on doit dire : Si TAnaon est là, paix à son âmel

M. DoUo* se promenait un jour à la campagne, en compagnie d'un monsieur de la ville. Le chemin qu'ils suivaient était bordé d'une double haie d'ajoncs •. Le monsieur^ tout en marchant, s'amusait à étêler à coups de canne les pousses qui dépassaient les autres. Le vénérable Dollo lui prit brusquement le bras et lui dit :

•» Cessez ce jeu ; songez que des milliers d'âmes accomplissent leur purgatoire, parmi les ajoncs, et que vous les troublez dans leur pénitence...

Lorsque, cheminant par temps de pluie, vous voyez sur la route mouillée des ^parties sèches, soyez assuré qu'il y a là des anaon faisant pénitence.

Aussi pressées que les brins d'herbe dans les

!• Recteur deSaint-Michel-en-Grève. Voir ci-dessus, 1. 1, p. 179.

2. A Galway, on dit que les buissons d'épine ont poussé de la poussière des morts répandue dans le monde (D. Fitzgerald, Vo'j^ulaT taies of Ireland^ Revue celtique, t. IV, p. 175). Les buissons sont presque toujours liés à Tidée de forts des fées. Si Ton coupait de tels buissons, on serait frappé à mort (L. L. Duncan, Folklore gleaningsfromcountyLeitrim, The Folklore Journal, t. IV, p. 178 ; Deeney, Peasant lore from Gaelic Irekmd, p. 61-65).