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davrc du pendu, qui n'était plus qu'un squelette, se balançait au vent léger de la nuit.

— Descends maintenant, dit à Fulupik le cavalier tout de blanc vêtu. Va sans peur au squelette de Kadô Vraz, et touche-lui le pied droit avec ta main droite, en lui disant : « Kadô, tu m'as appelé, je suis venu. Parle, s'il te platt. Que veux-tu de moi ? »

Fulupik fit ce qui lui venait d'être commandé, et proféra les paroles sacramentelles.

Le squelette de Kadô Vraz se mit aussitôt à gigoter avec un bruit d'ossements qui s'entre-choquent, et une voix sépulcrale hurla :

— Je donne ma malédiction à celui qui t'a enseigné^. Si tu ne Tavais .trouvé sur ta route, je serais à cette heure sur le sentier du Paradis, et tu aurais pris ma place à ce gibet !

Fulupik s'en retourna sain et sauf vers le cavalier, et lui rapporta l'imprécation de Kadô Vraz,

— C'est bien, répondit l'homme blanc. Remonte à cheval.

Ils dévalèrent la pente au galop.

— C'est ici que je t'ai rencontré, reprit l'inconnu, ici je te laisse. Va rejoindre ton épousée. Vis avec elle en bonne intelligence, et ne refuse jamais ton aide aux pauvres gens qui recourront à toi. Je suis l'enfant que tu as tenu sur les fonts baptismaux. Tu vois qu'avec un bâtard, le bon Dieu peut faire un ange. Tu me rendis un grand service en consentant à être mon parrain, au refus de trois personnes. Je

1. Cf. G. DottiD, Contes irlandais^ p. i91, l. 25.