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que je parcours ce chemin. Avant qu'il soit longtemps, Marguerite Omnèsse remariera, veuve et vierge. » Il s'abandonnait de la sorte à de pénibles songeries, lorsque^ arrivé au pied de la Lande-Haute, lise trouva nez à nez avec un cavalier vêtu de blanc.

— Bonsoir, Fulupik ! dit le cavalier.

— A vous de même, repartit le jeune homme, quoique je ne vous connaisse pas aussi bien que je suis connu devons*.

— Ne vous étonnez pas si je sais votre nom. Je pourrais vous dire encore où vous allez.

— Décidément, c'est que sur toutes choses vous en savez plus long que moi. Car je vais je ne sais oti.

— Vous allez, en tout cas, au rendez-vous que vous a donné Kadô Vraz. Montez en croupe. Ma bête est solide. Elle portera sans peine double faix. Et au rendez-vous où vous allez, il vaut mieux être à deux que seul.

Tout ceci paraissait bien étrange à Fulupik Ann Dû. Mais il avait la tête si perdue I Et puis, le cavalier parlait d'une voix si tendre !... Il se laissa persuader, sauta sur le cheval, et, pour s'y maintenir, saisit Tin-connu à bras le corps. En un clin d'œil, ils furent au sommet de la colline. Devant eux la potence se découpait en noir sur le ciel couleur d'argent, et le ca-

1. C'est un détail fréquent dans les contes irlandais que les fées connaissent et appellent par leur nom les personnes auxquelles elles ont affaire (Contes et légendes d'Irlande, p. 12 ; cf. p. 98, 195).