Page:Le Braz - La légende de la mort chez les Bretons vol 2 1902.djvu/73

Cette page n’a pas encore été corrigée


— Ah ! s'écria le jeune homme, c'est lui que vous aimiez !

— Tu fais erreur, camarade, répondit Omnès le vieux, qui fumait sa pipe dans Fâtre. Margaïdik, dans l'après-midi d'hier, a annoncé à Kadô Vraz que, quelque amitié qu'elle eût pour lui, c'était loi qu'elle épouserait.

Ce fut un grand baume pour le cœur de Fulupik Ann Dû.

Séance tenante, le jour des noces fut fixé. Par exemple, il fut convenu qu'on ne danserait pas, et qu'il y aurait simplement un repas à l'auberge, à cause de la triste mort de Kadô Yraz.

La semaine d'après, le fiancé se mit en route, accompagné d'un autre jeune homme, pour faire la « tournée d'invitations ». Comme ils passaient au pied de la Lande-Haute, le soir, Fulupik se frappa le front tout à coup.

— J'ai juré à Kadô Vraz que je n'aurais pas à mon mariage d'autre garçon d'honneur que lui. Il faut que je l'invite. C'est une formalité superflue, je le sais. Du moins aurai-je tenu mon serment. Il y va de mon salut dans l'autre monde.

Et il se mit à gravir la pente.

Le cadavre, déjà très endommagé, du pendu oscillait toujours au bout de la corde. A l'approche de Fulupik, des nuées de corbeaux s'envolèrent.

— Kadô, dit-il, je me marie mercredi malin. Je t'avais j urô de te prendre pour garçon d'honneur. Je viens l'inviter, afin que tu saches que je suis fidèle à ma parole. Ton couvert sera mis, à l'auberge du Soleil levant,