Page:Le Braz - La légende de la mort chez les Bretons vol 2 1902.djvu/64

Cette page n’a pas encore été corrigée



LXXIII Le penn-baz du mort

Désiré Mingam, de Tréduder, le marchand de porcs, ayant perdu son penn-baz (bâton à tête ferrée) sur le Foarlac'h, à Lannion, en reçut un autre en cadeau d'un de ses confrères, de Rospez. Or, le soir même, comme il rentrait souper à son auberge, le bâton qui lui avait été donné s'embarrassa si malencontreusement dans ses jambes qu'il alla heurter de la tête le pavé de la rue et resta à demi-mort sur la place. Il guérit cependant au bout de quelque quatre ou cinq semaines.

Mais à peine avait-il recommencé à courir les foires que le penn-baz aussi recommença à lui jouer de mauvais tours. A la fin, il se dit que cela n'était pas naturel et, résolu de ne plus se servir de cette trique de malheur, il la suspendit dans Tâtre par sa courroie de cuir.

Du temps se passa, des mois, peut-être des années. Un jour d'hiver qu'il glaçait à force, notre homme eut la visite d'un cultivateur de TArmor de Plestin qui venait l'entretenir d'affaires. Une bouteille de cidre fut débouchée ; et, comme son hôte était tout transi, Désiré Mingam l'invita à s'installer avec lui auprès du feu, pour la boire.

Tout à coup, au moment précis oii le cultivateur s'asseyait sur l'escabeau, dans le coin de l'âtre, le