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La montagne du Roc'h-Karlès, entre Saint-Michel-en-Grève et Saint-Efflam, sert de tombe à une ville magnifique.

Tous les sept ans, pendant la nuit de Noël, la montagne s'entr'ouvre, et par la fente on entrevoit les rues splendidement illuminées de la ville morte.

La ville ressusciterait, s'il se trouvait quelqu'un d'assez hardi pour s'aventurer dans les profondeurs

elle ruina. Ce sont des accidens, lesquels par semblables submersions de mer sont souvent aduenus ailleurs : et Dieu conserva Loth de semblable fortune. Mais de cela n'y a pas de leurs tesmoignages, ny autre, qu'un ancien bruit baillé de main en main. » On trouve la même légende à peu près dans les mêmes termes chez P. Le Baud {Histoire de Bretagne, 1638, p. 45-46) : a Leur grande cité de Ys située près la grand mer, si comme on dit, fut en celuy temps pour les péchez des habitants submergée par les eaux issants de celle mer qui repassèrent leurs termes, laquelh». submersion le Roy Grallons qui lors estoit en celle cité eschappa miraculeusement : c'est à sçavoir par le mérite de sainct Guingal-reus duquel il est touché cy-après. Et dit l'on que encores en appierent ses vestiges sus la rive de celle mer, qui de l'ancien nom de la cité est jusques à maintenant appelé Ys. »

Chez Albert le Grand ( Vie des saints de la Bretagne Armorique, 1636), c'est saint Gw^énolé qui prévient Grallon de la submersion prochaine d'Is « dont on attribua la cause principale à la princesse Dabut, fille impudique du bon Roy, laquelle périt en cet abysme» (éd. Thomas et Abgrall, p. 63).

La submersion d'Js est un épisode du mystère breton de saint Gwénolé. A. de la Borderie (Histoire de Bretagne, t. ï, p. 323-324) pense que la légende de Grallon n'est pas très ancienne ; il en montre le germe dans un lai de Marie de France, Gracient Meur*

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