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funèbres. Sur la table, déblayée des restes du repas, on étale une nappe blanche ; puis, sur cette nappe, on dispose en croix deux serviettes pliées ; et enfin, au croisement de ces serviettes, on couche une petite croix, fabriquée instantanément avec deux de ces bouts de cire que Ton fait bénir à Téglise le jour de la Chandeleur. Cette croix est censée représenter le défunt. Une assiette, dans laquelle on verse le contenu du bénitier de la maison et où Ton met à tremper un rameau de buis, complète, avec des chandelles allumées de part et d'autre sur les bancs, cette décoration funéraire improvisée.

De tous les coins de Tile, cependant, les proches arrivent pour le proella. Et la veillée de mort commence. Une « prieuse » de profession récite les prières habituelles et l'assistance donne les répons. Quelquefois, entre deux De profundis^ la prieuse entonne reloge du « disparu ». Il y avait naguère, dans Tîle, une vieille femme réputée pour ce genre d'oraisons funèbres* ou, comme on dit, ces prézec.

Le lendemain, le clergé vient, comme pour un enterrement ordinaire, chercher le '< corps », c'est-à-dire la petite croix de cire jaune posée sur les serviettes blanches et portée à bras, ni plus ni moins que s'ils s'agissait d'un vrai cercueil. Toute la foule suit, les hommes tête nue, les femmes encapuchonnées dans leurs mantes. Le catafalque est dressé, au milieu de l'église, pour recevoir la croix du proella. L'officiant

1. Voir ci-dessus, t. I, p. 245.