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Si, au lieu de ramener le cadavre à la remorque, on le recueille dans le bateau, il faut avoir soin de prononcer certaines formules de conjuration, de dire par exemple :

— Nous t'embarquons avec nous, mais c'est à la condition que tu ne nous porteras pas malheur !

Il faut veiller aussi à ce que ni Tancre, ni les rames, ni aucun des engins de manœuvre ne soient au con^ tact du cadavre*.

(Communiqué par Douarinou. — Châteaulin.)

L'enterrement fictif des noyés

LE « PROELLA »

A Ouessant, où tous les hommes sont marins, la mer prélève sur la race un nombreux tribut de victimes. Les cadavres que l'on retrouve ont leur dernière demeure assurée dans le cimelière. Mais la lisle est longue, de ceux que Tocéan ne rend jamais. Pour que ces noyés sans jsépulture ne soient pas condamnés à errer sans fin dans l'autre monde, les Ouessantins pratiquent pour le repos de leurs Anaon un simulacre d'enterrement. L'ensemble de la cérémonie s'appelle un / ?roe//a (corruption peut-être du début de quelque

1 . Dans les Hébrides, on ne transporte pas les morts dans un bateau servant à la pêche (Goodrich-Freer, The powers of evil in the outer Hébrides, Folklore, X, 272). Lorsque des pêcheurs se sont noyés, on ne se sert plus du bateau qu'ils montaient (W, Gregor, Revue des traditions populaires, t. IV, p. 660).