Page:Le Braz - La légende de la mort chez les Bretons vol 2 1902.djvu/400

Cette page n’a pas encore été corrigée


— Hâtons-nous de passer, se dit-il.

Et profitant de l'écart qui séparait encore les deux monstres de pierre, il passa.

Un sentier à pente rapide le conduisit jusqu'à une grève. Du bas de cette grève, comme dun entonnoir profond, montait une buée rouge, une vapeur ensanglantée.

lannik regarda, et vit que c'était une mer en fureur qui se dévorait elle-même. Les vagues se soulevaient en énormes paquets d'eau, puis couraient les unes contre les autres, avec des abois désespérés et des bonds effrayants de bêtes.

— Si ma baguette s'achemine par là, se dit lannik, je suis assuré de n'en pas sortir vivant.

Ce fut pourtant par là que s'achemina la baguette. Mais la brume sanglante se déchira devant elle, et lannik franchit encore ce mauvais pas, sans autre ennui que d'entendre hurler à son oreille les vagues, semblables à des chiennes enragées.

Sur l'autre bord de cette mer, il se trouva dans un pays maigre, pitoyablement maigre. Ce n'étaient que landes pierreuses, ravinées, plantées seulement de quelques touffes de joncs des marécages. Désolation et abomination. On ne pouvait rien imaginer de plus pauvre, ni de plus triste.

— Pour le coup, pensa lannik, me voici arrivé de l'autre côté du « pays du pain ». N'importe ! Allons toujours !

Il vit alors une trentaine de vaches qui paissaient au milieu de cette région stérile. Autant l'herbe qu'elles paissaient était rare et menue, autant elles


LE