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lit sa demande aux parents de Marthe. Ceux-ci étaient trop contents de se débarrasser si avantageusement de leur filJe boiteuse pour répondre par un refus. Ce fut à peine s'ils songèrent à s'enquérir du nom de leur futur gendre, qui leur donna, d'ailleurs, le premier nom venu. Quinze jours plus tard, on célébrait les noces. Le marié se présenta le matin, tout seul, sans personne de sa parenté. Mais il était si magnifiquement accoutré qu'on ne fit attention qu'à ses splen-dides vêtements. Ses doigts n'étaient que pierreries et les boucles mêmes de ses souliers jetaient des feux aussi étincelants que ceux du soleil. Marthe Richard rayonnait d'orgueil d'être menée à Téglise par un seigneur aussi accompli. Quand- ils furent pour franchir le porche, elle voulut lui offrir l'eau bénite, mais il feignit de ne point voir son geste et entra sans s'être signé. Devant la balustrade du chœur ils s'agenouillèrent. Le prêtre commença l'office. Lorsqu'il fut à l'Élévation, comme il se retournait vers l'assistance, il s'aperçut tout à coup que le jeune époux avait changé de couleur, que son visage, tout à l'heure frais et rose, était devenu aussi noir que charbon, tandis que ses mains rougissaient, rougissaient comme braise au four.

— Oh ! Oh ! pensa-t-il, ceci n'est pas catholique.

Il se dépêcha d'expédier la fin de la messe, puis, au moment oti les nouveaux mariés s'apprêtaient à sortir, il pria le bedeau d'avertir la jeune femme qu'il avait à lui parler. Elle vint le rejoindre dans la sacristie.

— Marthe, dit-il, vous ne savez pas à qui vous vous

II. 21.


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