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— Quoi ? lu t'es mis dans la tête de venir avec nous au pardon ?... Tu veux donc être la risée de tous les pardonneurs et notre propre honte ?... Jamais de la vie !

— Soit ! Vous ne voulez pas que j'aille avec vous, eh bieni j'irai toute seule. Le chemin est à tout le monde.

— A ton gré. Et lâche de trouver un beau cavdier de ta sorte, dirent les méchantes sœurs en se moquant.

A quoi Marthe Richard riposta :

— Pas plus que vous je ne rentrerai sans en avoir trouvé un, fùt-il le diable I

Ses sœurs s'en allèrent de leur côté, elle du sien.

Or, comme elle arrivait à la jonction de la route de Tréguier et de celle de Rospez, elle fit rencontre d'un jeune homme, élégamment vêtu comme un seigneur, et monté sur un cheval richement caparaçonné.

— Peste ! dit-il, en saluant Marthe, il n'y a donc plus de fils de bonne famille en ce pays^ qu'une si gracieuse demoiselle soit réduite à s'en aller seule, à pied, au pardon ?

Marthe fut flattée du compliment. Jamais encore on ne l'avait appelée « demoiselle ». Elle répondit :

— Je suis votre servante, noble cavalier.

— Non pas, reprit-il, c'est moi, si vous y consentez, qui serai votre serviteur, trop heureux si vous acceptez que je vous prenne en croupe.

Cette façon de voyager était alors des plus ordinaires en Bretagne. Marthe ne se fit pas prier plus que de raison. Vous pensez si ses sœurs enragèrent de lavoir paraître en si bel équipage à Saint-Fiacre. De dépit^