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LXVII Les naufragés de Gueltraz (Ile Saint-Gildas)

Ea face de Port-Blanc, sur la côte trécorroise, est UQ itot fait de quelques masses de rochers et planté d'un bois de pins. On l'appelle Gueltraz. Il est habité par un fermier et sa famille, qui vivent plus encore du goëmon qu'ils ramassent que des pommes de terre qu'ils récoltent.

Leur meilleure aubaine, ce sont les épaves que la mer leur jette quelquefois, car ces parages sont hérissés d'écueils.

Un matin, après une nuit de tempête, ils trouvèrent d'énormes madriers que les vagues avaient roulés sur le galet. Ils les eussent volontiers traînés jusqu'à la ferme, mais leurs forces réunies n'auraient pas suffi à les remuer. Ils durent se contenter de faire bonne garde autour des pièces de bois ; ils avaient à craindre que la marée suivante ne les remportât.

Ils restèrent là toute Taprès-midi. La nuit tomba, qu'ils y étaient encore. Pour se réchauffer, ils avaient allumé un grand feu sur la plage.

Tout à coup, ils sentirent passer sur eux un soufQe glacial, et leur feu s'éteignit brusquement.

En même temps, dans l'ombre, ils virent venir à eux cinq matelots qui semblaient sortir de la mer, car leurs « cirés » étaient ruisselants. Chacun de ces ma-