Page:Le Braz - La légende de la mort chez les Bretons vol 2 1902.djvu/375

Cette page n’a pas encore été corrigée



Le recteur ouvrit la porle d^une chambre obscure, en disant :

— Je vais d'abord m'en informer moi-même.

— Pourvu que ce soit en paradis, pensait Jean Gomper, mais cela m'étonnerait fort. Mon gueux de propriétaire ne doit pas être logé à si bonne enseigne.

Le recteur s'était enfermé à double tour. Le fermier l'entendit marmonner à mi-voix, très vile, très vite. *— Il consulte son Egremont^ se dit-il. L'oraison terminée, le prêtre reparut,

— C'est en enfer qu'il faut que vous alliez, dit-il dès le seuil.

Jean Gomper eut un soubresaut d'épouvante.

— Acceptez-vous ? demanda le recteur.

— ADieuvatl répondit notre homme, après une courte hésitation.

Le curé lui imposa les mains, lui traça avec le pouce une croix sur la poitrine, et lui souffla sur le front.

Jean Gomper était déjà chez le diable. Je vous promets qu'il n'avait pas eu le temps de regarder si c'étaient des landes d'ajoncs ou bien des champs de seigle qui bordaient le chemin.

Avant de l'expédier ainsi, toutefois, le recteur l'avait muni de quelques instructions :

— Vous aurez bien soin, lui avait-il recommandé, de ne prendre ni la première, ni la seconde quittance que vous offrira votre propriétaire. La troisième seulement sera la bonne. Encore ne la prendrez-vous pas

1. Voir ci-dessus, t. I, p. 322.