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attendre les gens. Jean Gomper fut introduit dans la salle à manger. Là, il exposa son cas, du mieux qu'il put, non sans émailler son récit de plusieurs jurons. Mais le recteur ne lit attention qu'au fond de l'affaire, et, lorsque le paysan eut fini de parler :

— Vous ne mentez pas, Jean Gomper ? dit-il. Il est bien vrai que vous avez payé le fermage qu'on vous réclame ?

— Aussi vrai que je suis le mari légitime de Barba Goff et le légitime père de ses quatre enfants !

— Alors il n'y a qu'une chose à faire : c^est d'aller trouver votre propriétaire, là oîi il est, et de lui demander, après sa mort, la quittance qu'il ne vous a pas remise de son vivant.

— Hem ! fit Jean Gomper, je ne sais seulement pas quel chemin il faudrait prendre.

— Je vous l'enseignerai, moi.

— Je vous entends bien, Monsieur le recteur, repartit le fermier qui croyait à une plaisanterie de la part du prêtre. L'aller n'est pas difficile^ mais il n'en est pas de même du retour,

— Je me charge du second comme du premier.

— Parlez-vous sérieusement ?

— Sachez, Jean Gomper, qu'un prêtre ne plaisante jamais sur ces choses-là.

Le curé avait dit cela d'un ton grave. Le paysan se mit à tourner son chapeau entre ses mains, et murmura, tout décontenancé :

— J'irai où il vous plaira de m'envoyer. Monsieur le recteur.

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