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l'heure. Tu en auras le soin. Tous les matins, tu les étrilleras, tu les laveras, tu les brosseras et tu leur donneras des os calcinés en guise de fourrage. Tâche seulement que le travail soit bien fait ; sinon^ tu sais ce qui t'attend.

Jean l'Or n'était pas précisément flatté de devenir le valet d'écurie du diable. Mais il n'avait pas le choix, et mieux valait encore soigner les chevaux que de leur être jeté en pâture.

Tout alla bien pendant une quinzaine de jours. Jean rOr ne ménageait pas sa peine et s'efforçait de contenter son terrible maître.

Mais, le soir venu, lorsqu'il était étendu dans son lit, à l'un des angles de l'écurie, il restait longtemps, avant de s'endormir, à déplorer son sort et à regretter sa Basse-Bretagne. Gomme il se repentait maintenant de sa maudite cupidité !

Une nuit qu'il se tournait et se retournait ainsi sur sa couchette de paille, il sentit une haleine chaude sur sa figure ; c'était un des chevaux qui s'était détaché et qui tendait son mufle vers Jean l'Or.

— Que me veut cette bête de malheur ? pensa-t-il, car c'était justement la monture sur laquelle il avait été transporté en ce lieu de damnation.

Il allait lui donner du fouet, quand la bête lui parla en ces termes :

— Ne fais pas de bruit, afin de ne pas réveiller les autres chevaux. C'est dans ton intérêt que je viens te trouver. Dis-moi, Jean l'Or, est-ce que tu te plais en ce pays ?

— Foi de Dieu, non !


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