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taient faibles, en revanche il avait le poing solide, Tant bien que mal, il parvint à se hisser sur le dos de la bête.

— El hue ! !...

Feu et tonnerre ! Ce ne sont pas les fines montures qui manquent au pays d'Ëlliant ; mais la pareille de celle-ci, on l'y chercherait en vain jusqu'au Jugement dernier.

Des jambes, non. Des ailes I

Le vent de la course avait un peu rafraîchi les idées d*Alanic.

— Quel diable de chemin faisons-nous ?pensa-t-il. Gela descendait, descendait. Il ne reconnaissait pas du tout ni les fossés, ni les arbres,

— Dousic ! dousic ! loën brao ! (Doucettement, jolie bête !). Ah bien, oui ! on aurait attaché un fagot d'ajonc sec au derrière de la « jolie bête », qu'elle n'eût pas filé plus vite.

Les étoiles cependant mouraient une à une. La nuit commençait à blanchir. Dans quelque manoir, au loin, un coq chanta. Le cheval aussitôt s'arrêta net. Ala-nic, qui ne s'y attendait pas, faillit lui passer pardessus le cou.

— Qu'est-ce qu'il y a ? demanda-t-il.

Vous pensez bien qu'il ne comptait pas que le cheval lui répondît. Cela fut, pourtant. Le cheval dit en propres termes à Alain Ar Guillou :

— Cana Wa mab ar iar (Voici que chante le fils de la poule).

Et en disant cela, il tremblait de tous ses membres.