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tre à table maintenant^ chez mes « vieux », dans la cuisine de Goatfô.

— Console-toi, lui dit le recteur, je n'ai pas l'intention de te laisser mourir de faim. Donne-moi la corde de ranimai, que j'enferme celui-ci dans la cave. Toi, va souper et tâche de bien dormir.

N'ayant pas mangé de la journée, Jobic fit honneur au repas, malgré son chagrin, et quand il fut au lit, il dormit d'un sommeil de plomb. Le lendemain matin, ce fut le recteur en personne qui le vint réveiller.

— Debout, camarade I Le soleil est déjà levé ! Le barbet se démène et hurle ! Allons, en route ! Tâche d'arriver pour déjeuner au presbytère de Gurnhuël. Tu diras au recteur que tu viens de ma part.

Et Jobic Ann Dréz de déguerpir. Que voulez-vous ? Il fallait bien qu'il subît ce qu'il ne pouvait empêcher.

Nous ne le suivrons pas de presbytère en presbytère.

Le recteur de Gurnhuël l'adressa au recteur de Gallac.

Le recteur de Gallac au recteur de Maël-Garhaix.

Le recteur de Maël-Carhaix à celui de Trébrivan... etc., etc..

En deux jours, il visita une douzaine de « maisons de curés », bien accueilli d'ailleurs dans chacune ; partout il trouvait bon vin, bon repas et bon gîte.

Gela l'ennuyait tout de même, d'abord parce qu'il se demandait avec terreur s'il y aurait jamais un terme à ce singulier voyage ; ensuite, parce que c'était vexant d'être un objet de curiosité pour les gens, que son