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peu près ; il remarqua qu'en effet il avait des yeux extraordinaires, des yeux de diable.

— N'empêche, murmura-t-il, c'est un vilain tour que Tadic-coz m'a joué là.

— Ce que tu as de mieux à faire, désormais, c'est d'en prendre ton parti, dit le recteur de Louargat.

— Ainsi, je dois maintenant me rendre à Belle-Isle ?

— Oui, tu iras trouver mon confrère et tu diras que c'est moi qui t'envoie.

— Allons ! soupira Jobic. Puisqu'il faut, il faut.... Et le voilà en route pour Belle-Isle, faisant à rebours le chemin qu'il avait parcouru quelques heures plus tôt. Il chantait gaiement alors, tandis qu'à présent il se sentait plus triste que le bon Dieu de Pleumeur *.

Le recteur de Belle-Isle le reçut avec une grande affabilité.

— Mon garçon, lui dit-il, la nuit arrive. Tu vas coucher ici ce soir. Demain matin, tu continueras ton voyage.

— En vérité, s'exclama Jobic-Ann-Dréz, ce n'est donc pas pour vous non plus, le chien ?

— Non, mon ami-

Jobic eut grande envie de se fâcher tout rouge, cette fois, mais son regard ayant rencontré celui ie la bête maudite, il se laissa tomber sur une chaise et fondit en larmes.

— Quand on pense, sanglota-t-il, que j'aurais pu

1. Dicton bas-breton. II y a dans l'église de Pleumeur-Gautier un Cbrist en croix qui a, en effet, la plus piteuse expression qui 86 puisse voir.


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