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comme on dit, mais il y avait encore plus de trous que de morceaux.

Dès le malin, sa messe dite, il parlait en tournée. On le « bonjourait » au passage. Il s'arrêtait, engageait la conversation par une phrase toujours la même :

— Contet din ho stad^ va bugel. Me eo ho tady ho tadic cozl (Conlez-moi voire élat, mon enfant. C'est moi qui suis votre père, votre vieux petit père).

C'est pour cela qu'on avait fini par ne l'appeler plus que Tadic'coz (vieux pelil père).

On l'aimait et on le vénérait. On le craignait aussi. Car, ce n'était pas seulement un bon prêlre, c'élait encore un prêlre savant, à qui Dieu, disait-on, avait donné autant de pouvoir qu'au pape.

Les gens qui connaissent quelque peu les choses de ce monde se croient de grands magiciens.

Tadic-Coz, lui, possédait à la fois lous les secrets de la vie et lous les secrets de la mort. On prétend que^ de temps en temps, il passait la têle dans le soupirail de l'enfer, demeurait penché sur l'abîme et conversait avec les diables. Toujours est-il que, pour célébrer Vo/ern drantel\ il n'avait pas son pareil. On le venait consulter de tout le pays breton, et même du pays gallot. Quand il ne pouvait sauver une âme, au moins Tobligeait-il à se tenir en repos. Jamais il n'y a eu de prêtre sachant conjurer^ comme Tadic-coz^

1. Voir ci-dessus, t. I, p. 333.

2. En Cornwall, on cite le pasteur Poikinghorne qui avec un grand livre et un rouleau de corde neuve de chanvre chasse les