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Fantès entra.

La princesse, debout sur les marches de Tautel, se détourna au bruit que firent en sonnant sur les dalles les sabots de la pauvresse.

— Que me veux-tu ? s'écria4-elle d'un ton courroucé.

— T'empêcher de nuire, si tel est mon pouvoir^ répondit Fantès avec calme.

— Du moment que tu es ici, c'est que ta volonté est plus forte que la mienne. Je suis en ta possession. Relègue-moi aussi loin qu'il te plaira. Où tu me diras d'aller, j'irai. Voici les clefs de Tétang que j'ai fait construire en pierres de taille. Toutes mes victimes sont là. Je te les abandonne. Je t'abandonne aussi mes trésors. Tâche d'en faire bon usage.

Ce disant, elle tendit à Fantès-ar-Pédennou un trousseau de clefs étincelantes.

La pauvresse s'essuya les mains dans son tablier à plusieurs reprises avant d'oser toucher à ces clefs merveilleuses. Elle les prit cependant et fit avec elles le signe de la croix.

— Où m'enjoins-tu de me rendre ? demanda la princesse.

— Plus loin que la terre et plus loin que la merl dit Fantès.

La princesse aussitôt s'évanouit dans l'air. Depuis, on n'a jamais entendu parler d'elle. En même temps s'écroulèrent sans bruit et sans laisser de traces les murailles de la chapelle étrange.

Fantès-ar-Pédennou se trouva devant un étang construit et pavé en pierres de taille. L'eau y était