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bîement, eurent pitié d'elle, et elle fut logée, — grâce à ses enfanls^ croyez-le bien ; — oui, en dépit de la marâtre, — elle fut dignement hébergée par eux.

La pauvre femme, parvenue au seuil — de sa maison (de la maison) où demeurait son mari, — s'assit sur le rebord d'une auge de pierre, — et demanda la permission d'y coucher.

Sa elle, qui allait et venait, — à son frère prêtre disait : — « Cette femme a quelque chose d'étrange ; — à la voir, j'ai le coeur serré.

« La mère qui nous a enfantés, — vous et moi, mon frère prêtre, — lui ressemblait fort, je trouve. — Je me sens une tendresse chaude pour elle. »

La femme était là, sur le pas de la porte. — Son fils l'aborda, plein de déférence. '— Avec respect et humilité, — il la prit par la main.

Au foyer elle fut amenée — par sa fille et par son fils prêtre. —- Là, son fils la fit asseoir — à la place qui lui était réservée à lui-même.

Sa fille alors lui lava — les pieds, avec une humilité grande. — Et, ayant vu qu'elle avait à la jambe une marque, — elle dit à son frère prêtre :

— « Plus que jamais mon cœur m'affirme — que c'est ici la femme qui nous a enfantés. ~ Elle porte à la jambe la même cicatrice — qu'avait notre véritable mère. »

Le prêtre ne fit mine de rien — jusqu'à ce que le souper eût été servi. — Mais alors il donna sa part — à la femme qui l'avait mis au monde.

La marâtre de se fâcher — et de prendre à partie le prêtre ; — « Ce n'est pas envers moi que vous auriez tant de prévenance, — ni non plus envers votre père ! »

Sans se fâcher, le prêtre — continua de faire ce qu'il jugeait de son devoir. — Il recommanda à sa sœur — d'avoir bien soin de l'étrangère.

— n Apportez des vêtements, dit-ilj ma sœur, et donnez-les à cette femme — afin qu'elle se change et qu'elle aille se coucher ; -^ c'est dans mon lit qu'on la mettra.

« Car, cette nuit, point ne me coucherai ; — Je la veux passer en