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Or, lorsqu'on alla ouvrir sur elle la porte, — on la trouva qui filait, le corps sain et l'âme sereine, — On la tira donc de ce lieu,

— et le pape, alors, lui donna l'absolution.

Au sortir de Rome, elle rencontra un vieillard — qui, humblement, lui demanda : — « D*où venez-vous ? Où comptez-vous aller ? — Mon amie, dites-le moi.

« Jamais je ne vous vis en ces parages ; — vous n'êtes pas de ce pays. » — « Je ne vous le cacherai point, brave homme : — Je suis de Basse-Bretagne, tenez-le pour certain, — et de Lochrist-ann-Izelvet, — Là est mon mari.

« (Là est) mon mari, (là sont) mes enfants, — pour qui j'ai été une cause de peine, — parce que je les ai [abandonnés. — Je crois pourtant qu'ils auraient désir de me revoir. »

— (t Si vous avez désir, dit cet homme, — de les aller revoir, vous aussi, — avant qu'il soit longtemps, grâce à Dieu, — yous parviendrez en leur contrée.

« Votre mari et vos enfants, — bientôt vous les reverrez, — et vous les pourrez consoler — en leur navrement et ennui.

« Quand vous arriverez en Izelvet, — chez le Seigneur Christ béni, — faites-lui tous mes compliments, — et dites à Christ que je l'aime.

« Je suis le charpentier qui a sculpté — le premier ses calvaires. — Vous voyez cette baguette blanche que je tiens : — Je vais vous la donner maintenant. — Votre mari et vos enfants, — avant peu vous les reverrez. »

IV

Dès lors, elle marcha d'une telle allure — qu'elle arriva dans son pays proinptement. — A la maison des siens elle se rendit ;

— la baguette blanche la conduisit.

Chez son mari quand elle fut, — à être logée elle demanda — avec déférence et humilité. — Nul chrétien ne la reconnaissait.

La maîtresse de maison était altière —- et lui répondit sèchement : — « Ici, vous ne serez pas logée ; — allez où bon vous semblera. »

Son mari n'était pas à la maison. — Ses enfants, entendant — leur pauvre mère demander logement — à leur marâtre, si hum-