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cesse autour de leur ancienne demeure, et se vengent de leur détresse en portant le trouble parmi les vivants. On les conjure^ pour les réduire à Timmobilité et au silence.

Les prêtres seuls ont le pouvoir de conjurer. Encore tous les prêtres ne le savent-ils pas faire. Il faut un homme habile^ déterminé, sûr de sa science. C'est tout au plus s'il s'en trouve un par région. Il ne suffit pas que l'exorciste connaisse à fond son métier, il est indispensable aussi gu il ait la poigne solide..

Quand le prêtre est appelé pour une conjuration, il revêt son surplis et tient à la main son étolo. Arrivé dans la maison hantée, il se déchausse, car il faut « qu'il soit prêtre jusqu'à la terre {bèlek betek ann douar) *. »

Pour qu'il puisse reconnaître les traces du mort, les gens de la maison ont eu soin, dès la veille, de répandre sur le sol de terre battue du sable ou de la cendre fine *. Ils en ont répandu de même dans Tescalier, sur toutes les marches depuis le rez-de-chaussée jusqu'au grenier. Le prêtre suit à la piste les traces du mort et s'enferme dans la pièce au seuil de laquelle elles paraissent s'arrêter. C'est là qu'est gîté le mauvais

i. Cf. R.-F. Le Men, Revue celtique^ t. I, p. 425.

2. Dans Tile de Man, la nuit du 12 no^eoibre, on égalise les cendres dans le foyer. Si, au matin, il y a sur les cendres des marques de pas se dirigeant vers la porte, une personne de la famille mourra dans Tannée (Rhys, Celtic folklore, p. 318).