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— Nous sommes ruinés, mais ce fouet nous vengera.

Et, de ce jour-là, en effet, Perrîne Jégou ne connut plus de repos. La nuit, elle se réveillait en sursaut, avec des douleurs aiguës, comme si une lanière brûlante Feùt cinglée par tout le corps. Elle en devint folle d'épouvante. Elle jeta au feu, réduisit en cendre le fouet maudit, comptant qu'elle recouvrerait ainsi la tranquillité. Mais elle ne fut tourmentée que de plus belle. Un mois ne s'était pas écoulé qu'on la portait en terre et, la nuit même du jour où on l'avait couchée dans sa fosse, les gens de sa maison furent arrachés à leur sommeil par le bruit d'une course éperdue, accompagnée de grands cris. Ils se levèrent, pour voir*.. Or, c'était la morte qui courait, courait autour du logis et des étables, en poussant des hurlements affreux. Un fouet de feu était passé à son cou, dont elle essayait vainement de se débarrasser. Et elle criait d'une voix déchirante :

— Dilammet ar fouett^man diganen ! Dilamment at fouett-man diganen ! (Enlevez-moi ce fouet, enlevez-moi ce fouet).

Sa chair fumait* C'était effrayant ! Personne, naturellement, ne se sentit assez hardi pour s'approcher d'elle... La nuit d'après, elle revint encore, et encore la nuit du surlendemain, et toutes les nuits qui suivirent, jusqu'à Tapparition de la nouvelle lune. On la vit ce soir-là se précipiter dans le puits, dont l'eau garda longtemps le goût de soufre*.

(Conté par Anna Quellec. — Trébeurden.)

1. En Irlande, les morts malfaisants se rencontrent souvent dans

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