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LES REVENANTS DANS LE ROMAN d'AVENTURE

verez des troncs abattus. Vous en ferez des bûches. On signe ce soir le contrat de ma filleule. Je voudrais que vous eussiez fendu assez de bois pour le feu de joie qui doit précéder la cérémonie.

— Reposez-vous-en sur voire serviteur. Vous serez satisfaite de lui.

Voilà Jean Carré d'avaler sa soupe et de partir pour la forêt.

Quand il se fut éloigné, la vieille marraine dit :

— A en juger d'après sa longue barbe, ce doit être quelque ermite qui s'est condamné, par esprit de mortification, à aller de porte en porte mendier du travail.

Ce fut l'avis de chacun.

La femme de chambre de la princesse avait charge de promener le petit lannik, tous les jours, entre midi et quatre heures. Elle le conduisait d'ordinaire aux champs oîi l'enfant s'amusait fort à regarder travailler les hommes. Ce midi-là, elle lui dit :

— Je vais te faire voir un bel ermite qui fend du bois, pour mériter le ciel.

Ils se rendirent donc à la forêt, où Jean ne perdait pas son temps, car on entendait de loin le bruit de sa hache s'enfonçant dans les troncs d^arbres.

Dès qu'il fut en présence du prétendu ermite, l'enfant se mit à le dévisager fixement. Puis, cet examen terminé, il dit d'une voix tranquille, avec un air sérieux :

— C'est vous, mon père, qui peinez dur ! Vous abattez à vous seul autant de besogne que trois journaliers ensemble.

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