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Il comprit qu'il avait mal agi en manquant de respect à la tête de mort. Il savait d'autre part qu'il ne fait pas bon avoir affaire à des noyés. Le voilà de se remettre en quête du crâne ; le retrouver ne fut pas chose facile.

Mon père se disait :

— Si je l'ai rejeté dans la mer, je suis un homme perdu. Tous les bras qui s'agitent là-bas si désespérément vont m entraîner avec eux dans Fabîme.

Fort heureusement, la tête de mort avait été arrêtée par un rocher.

Mon père la reporta pieusement à l'endroit où elle gisait quand son pied l'avait heurtée tout d'abard ;

Grâce à quoi il put rentrer chez lui sain et sauf. (Conté par Marie-Yvonne Le Flem.—Porl-Blanc. )

• ♦ *

Qui se fie à la mer se fie à la mort. Qui meurt en mer, meurt donc toujours par sa faute*. C'est pourquoi les noyés, qu'ils aient péri volontairement ou non, restent faire pénitence à l'endroit où ils ont été engloutis, jusqu'à ce que d'autres viennent se noyer à la même place. Alors seulement, ils sont délivrés.

1. Dans les Hébrides, il y a des croyances relatives aux moments où il est impossible de se noyer et aux gens qui ne peuvent se noyer. Ainsi, personne ne s*est jamais noyé pendant que le soleil était visible dans le ciel ; les idiots ne peuvent se noyer, parce que c*est le poids de la cervelle qui entraîne Thomme au fond de Teau ; il en est de même des personnes qui ont un petit signe noir au-dessus de la bouehe (Qoodrioh-Freef, More falklovê from ihe Hébrides, Folklore, t. XllI, p. 61).