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toléra la cour qu'il lui faisait, accepta de devenir sa femme. Non qu'elle eût oublié Jean Carré. Bien au contraire, elle pensait être fidèle à sa mémoire en lui donnant pour successeur un homme qui avait sans cesse son éloge à la bouche. La marraine elle-même avait été séduite par ce misérable Juif. Elle fut la première à encourager la princesse à l'épouser. Le mariage fut décidé. Il ne restait plus à faire que les derniers préparatifs.

— Eh bien ! Jean, tes effets sonl-il secs ? demandait à Jean Carré, ce matin-là, Thomme surnaturel.

Jean Carré ouvrit péniblement un œil, puis l'autre.

— Sapristi ! s'écria-t-il, je viens de faire un bon somme !

Il essaya de se mettre sur son séant. Il ne le put. Sa tête toujours retombait en arrière,

— Qu'est-ce que j*ai donc ?

— Tu as que tes cheveux et ta barbe ont tellement poussé, depuis que tu es étendu là, qu'ils ont pris racine dans le sol.

— C'est, ma foi, vrai ! comment cela se fait-il ?j

— Parce qu'il y a deux ans que tu dors, répondit tranquillement l'étranger.

— Deux ans I

— Pas un jour de plus, pas un jour de moins. J'aime à croire que te voilà suffisamment reposé.

— Je dois l'être.

— Il faut que tu le sois, car tu n'es pas au bout de

ïi. 43.


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